La neige, la neige, la neige ! Les enfants sont ravis, les skieurs aussi… et du côté des cueilleurs et des cueilleuses ?
Bon, c’est vrai que les feuilles de pissenlit, plantain, violette, coucou et autres ne sont plus très accessibles, mais les cueilleurs, et en tout cas les cueilleuses des montagnes ;) sont quand-même enchantés parce que la neige c’est beau, le ski c’est chouette et que même sous la neige, on peut continuer à cueillir et à cuisiner sauvage !
Petite démonstration avec 5 plantes très communes : le cynorhodon (Rosa spp.), l’épicéa (Picea abies), le douglas (Pseudotsuga menziesii), les tilleuls (Tilia spp.) et les peupliers (Populus spp.).
Le cynorhodon
Champion de la vitamine C dans nos contrées, le cynorhodon se cueille tout l’hiver, dès les premières gelées. On peut le déguster tel quel en aspirant la pulpe, on peut en faire des jus, des soupes et des sauces crues, ou on peut l’utiliser cuit dans de très nombreuses recettes salées ou sucrées.
Sur le site, vous trouverez des informations à propos du cynorhodon avec trois articles de Christophe - Genévrier : ici vous apprendrez à le reconnaître ; ici vous apprendrez à en extraire la pulpe ;
Vous trouverez également 6 recettes originales accompagnées d'un pas-à-pas illustré par Linaigrette et des recettes "classiques" (soupe, confiture...) dans le tout nouveau dépliant édité par le collectif : Je cuisine l'églantine. Pour le découvrir, c'est ici ! |
Cynorhodon, fruit de l'églantier Rosa canina |
L’épicéa
Il s’agit de notre fameux “sapin de Noël”, qui n’est donc pas un sapin (Abies spp.) mais… un épicéa (Picea spp.) comme vous l’aurez compris ! Les botanistes sont parfois un peu tâtillons. :)
Ce sympathique conifère regorge de cadeaux pour nous les humains ! Entre autres, à part décorer nos maisons en attendant le Père Noël, il offre ses propriétés antiseptiques et expectorantes, ainsi que de la vitamine C à qui veut bien croquer ses jeunes pousses en fin de printemps (appelées à tort “bourgeons”) ou même mâchonner ses aiguilles le reste de l’année. Si vous n’êtes pas encore fans du mâchouillage d’aiguilles, vous pouvez cueillir ses rameaux et les mettre en décoction pour préparer des tisanes ou des inhalations, ou, version gourmande, pour récupérer leur parfum acidulé à résineux et en faire de délicieux desserts ! |
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Sur le site vous trouverez une recette de lait de riz à l’épicéa, qui se déguste tel quel ou sert de base pour préparer des crèmes desserts, sorbets, tartes à l’épicéa, etc. Dans le Petit Traité Rustica des plantes sauvages comestibles, vous trouverez une recette de bonbons à l’épicéa. Néanmoins, avant de se lancer dans la cueillette des conifères, il est absolument indispensable de savoir les différencier de l’if (Taxus baccata), mortellement toxique à faible dose. Vous trouverez des indications à ce sujet dans le Petit Traité Rustica des plantes sauvages comestibles; le Cahier 3 consacre un article entier à la différenciation de l’if du reste des conifères, mais il est à ce jour épuisé. |
Epicéa, Picea abies |
Le douglas
Tout comme pour l’épicéa, il est possible de cueillir les jeunes pousses de douglas, à déguster crues, ou les rameaux, à mettre en décoction. La saveur de ce conifère originaire de la côte ouest américaine est tout à fait étonnante : à certains elle rappellera plutôt celle du pamplemousse, à d’autres celle des fruits de la passion. Dans tous les cas, elle se prête merveilleusement bien à préparer des desserts plus étonnants les uns que les autres, comme le bavarois que Christophe et moi proposons souvent en séjour Identification Cueillette et Cuisine. Demandez aux stagiaires, ils vous en donneront des nouvelles !
Attention : comme pour l’épicéa, avant de cueillir le douglas, il est indispensable de savoir le différencier avec certitude de l’if. |
Douglas, Pseudotsuga menziesii
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Les tilleuls
Du tilleul en plein hiver ? Sous quelles latitudes ? Chez nous, sous la neige, et même en altitude ! :)
Eh oui, car le tilleul, qui, je l’avoue, est une de mes plantes préférées, se mange toute l’année… En hiver, on cueillera les bourgeons : comme le reste de la plante, ils ont l’avantage d’être mucilagineux. Excellent pour la santé (c’est ce que l’on recherche lorsque l’on achète du psyllium blond…), le mucilage est également un épaississant. Après avoir cueilli les bourgeons, hachez-les grossièrement, recouvrez-les juste d’eau et laissez tremper 2 à 6 h. Utilisez ensuite, sans filtrer bien sûr.
Le liquide obtenu pourra servir à épaissir une soupe (en remplacement des pommes de terre par exemple), ou une sauce crue, comme dans la sauce dip du Petit Traité Rustica des plantes sauvages comestibles, préparée avec 15 à 20 g de bourgeons, 4 cuillers à soupe de graines de tournesol germées, un jus de citron, du curry, de l’huile d’olive, sel et poivre.
Petite note à propos de la cueillette des bourgeons Une feuille est pourvue, à sa base, d’un bourgeon. Celui-ci donne naissance à un rameau et ses feuilles, qui elles-mêmes sont pourvues de bourgeons à leur base. Vous aurez vite compris qu’un arbre ne peut pas faire éclore tous ses bourgeons, question de mathématiques… La cueillette des bourgeons ne met donc pas l’arbre en danger. Quelques conseils cependant : un bourgeon ne se reforme pas, évitez donc d’enlever tous les bourgeons d’un même rameau. Dans le cas des tilleuls, qui font de très nombreux rejets, vous pouvez tout simplement couper les rejets, puis récupérer les bourgeons de ces rejets. |
Tilleul, Tilia sp. |
Les peupliers
Voici un autre de nos grands alliés de l’hiver, particulièrement utile pendant cette période de rhumes et autres joyausetés : le peuplier.
C’est la teneur en propolis de ses bourgeons qui va nous aider à faire face aux microbes en tous genre, ou plus exactement, sa teneur en précurseur de la propolis, transformé par les abeilles en propolis en début de printemps.
Pour les plus courageux, vous pourrez les croquer tels quels : 2 p’tits bourgeons de peupliers tous les jours, la forme pour toujours, proverbe de cueilleur et de cueilleuse rôdé-e-s :) ! Pour les plus gourmands, il est possible de récupérer le parfum de propolis, puis de l’accomoder dans des plats sucrés à base de miel ou d’orange, pour atténuer la saveur plutôt prononcée des bourgeons.
Vous trouverez un exemple de dessert à base de bourgeons de peuplier dans le Petit Traité Rustica des plantes sauvages comestibles: la crème propolis orange.
Et si vous êtes sujets aux gerçures, vous pouvez également tester le peuplier en onguent, en mélangeant les bourgeons hachés à du saindoux et à de la cire (laisser mijoter 2 heures). |
Peuplier, Populus sp. |
ENVIE D'EN SAVOIR PLUS SUR L'IDENTIFICATION ET LA CUISINE DES PLANTES EN HIVER ?
Retrouvez les stages et les ateliers que les membres du collectif animent localement !
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Article et photos de Caroline - "Calendula", sauf photos de cynorhodon, de bourgeons, du groupe de stagiaire, qui sont de Christophe - "Genévrier".
Formée au Collège Pratique d'Ethnobotanique de François Couplan, Caroline est co-directrice éditoriale et rédactrice en chef des Cahiers Pratiques & Sauvages ; elle est également auteure des recettes sauvages de la collection Premières Cueillettes.
Auteure de nombreux articles, elle anime des stages de découverte des plantes locales et de leur cuisine avec l'association Le Tilleul et l'Eglantier.
Retrouvez tous les stages proposés par Caroline "Calendula" ici !
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