A mesure que l'automne s'approche, les arbres commencent à se préparer pour une nouvelle période d'hibernation, et à "sacrifier" leurs feuilles, dont les couleurs changent petit à petit. Pourquoi ?
D'où viennent les couleurs d'automne ?
Pour réaliser la photosynthèse (un phénomène ayant lieu principalement dans les feuilles des végétaux, et permettant à ces derniers de produire de l'énergie sous forme de glucides), les plantes ont besoin de lumière. Avec la diminution de la durée d'ensoleillement, et la baisse des températures qui l'accompagne, les végétaux ligneux de nos contrées sont confrontés à un problème présentant deux facettes : d'une part, la réduction de la luminosité rend la photosynthèse moins productive, et d'autre part la baisse des températures les oblige à dépenser plus d'énergie et d'eau pour éviter que leurs feuilles ne gèlent.
(Notons que tous les ligneux ne perdent pas leurs feuilles durant l'hiver : certains, comme les Conifères (sapins (Abies), épicéas (Picea), genévriers (Juniperus), etc.) conservent leurs feuillages, mais dans nos régions tempérées ils constituent plutôt une exception à la règle).
A mesure que les plantes de nos contrées redéfinissent leurs priorités vitales, et commencent à vivre non plus grâce à la photosynthèse quotidienne, mais grâce aux réserves d'énergie réalisées durant les saisons plus clémentes, elles stoppent le flux de leur sève vers les feuilles, provoquant progressivement la mort de ces dernières.
Lors de ce processus, des couleurs nouvelles et variées apparaissent, qui tranchent souvent sur le "vert" que revêtent traditionnellement les arbres de nos régions durant les deux tiers de l'année. (Il existe cependant des nuances de couleur non négligeables entre les feuilles des ligneux de nos contrées, même hors de la "saison morte" : ces nuances sont en général plus subtiles, et mal perçues par les individus modernes, dont le sens de l'observation est souvent, il faut l'avouer, assez moribond.)
Bien que les teintes jaunâtres et marrons prévalent, les couleurs de l'automne ne s'y limitent pas, comme nous allons le voir.
Une aubépine, Crataegus laevigata, dont le feuillage prend à l'approche de l'hiver une teinte rouge-pourpre.
Pourquoi les feuilles changent-elles de couleur en mourant ? La couleur verte de ces dernières, emblématique du règne végétal et du mouvement écologiste, est dûe à la chlorophylle (du grec khlôros, vert ; et phyllon, feuille), un pigment produit par les végétaux qui capte la lumière (la longueur d'onde la moins absorbée étant celle correspondant à la couleur verte, c'est cette dernière qui est reflétée en majorité, et ensuite perçue par nos yeux). D'autres types de pigments sont aussi présents chez les végétaux, mais la chlorophylle étant produite en plus grande abondance que les autres, c'est sa couleur verte qui domine.
Avec l'arrêt du flot de sève dans la feuille, la chlorophylle disparaît petit à petit du limbe (partie plate de la feuille, où est réalisée la photosynthèse), et ce sont les couleurs des autres pigments qui prennent le dessus. Quels éléments sont alors responsables des différentes couleurs foliaires d'automne ? Principalement :
- des xantophylles (donnant une couleur jaunâtre),
- des caroténoïdes (donnant des teintes allant du jaune au marron en passant par l'orange),
- et des anthocyanes (donnant des tons allant du rouge au pourpre).
L'automne et ses couleurs
A gauche : les feuilles du cornouiller sanguin, Cornus sanguinea, tournant au rouge ; à droite : l'érable, Acer sp., donne plutôt dans le jaune vif.
A gauche : les feuilles du hêtre, dont la couleur passe du vert à l'orangé pour finalement devenir marron vif ; à droite : le prunellier, Prunus spinosa, devient d'un rouge parfois teinté de beige.
De gauche à droite : les folioles d'un frêne, Fraxinus excelsior, d'une couleur presque "rouillée" ; une foliole de noyer, Juglans regia ; le vert pâle jaunâtre d'une feuille de noisetier, Corylus avellana ; un rameau feuillé de peuplier, Populus sp., au ton orange-pourpré.
A gauche : le rouge pâle d'un merisier, Prunus sp. ; à droite : une feuille jaune d'orme, Ulmus sp., où il ne reste quasiment plus que les nervures.
Le texte et les photos de cet article sont de Christophe Monplaisir (Genévrier), relu par Lucie Benoit. Copyright @L'Aventure Au Coin Du Bois 2015.
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Un des co-auteurs du Petit Traité Rustica des plantes sauvages comestibles, diplomé du Collège Pratique d'Ethnobotanique, intervenant à Bordeaux Sciences Agro, Christophe (Genévrier) Monplaisir est aussi élève à la Tracker School de Tom Brown, dans le New-Jersey ; il organise en France des stages pratiques sur la cuisine des plantes sauvages, et des animations sur mesure pour découvrir les techniques de vie primitives.
