Le coquelicot est-il une plante comestible ou toxique ? Les réponses à cette question sont en général loin de faire l’unanimité...
"Comestible" ; "Toxique" ; "Comestible lorsqu'il est jeune" ; "Les pétales sont comestibles" ; "Ne surtout pas manger la capsule" ; "On tire de l’opium du coquelicot"….
Mythes ou réalité ? Qu’en est-il réellement de la comestibilité ou de la toxicité du coquelicot (Papaver rhoeas) ?
Cueillette de coquelicots
(Papaver rhoeas)
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Le coquelicot dans la pharmacie familiale
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Le coquelicot : un pavot
Le coquelicot est une plante de la famille des Papaveraceae : son nom de genre (Papaver), nous indique qu’il s’agit d’un pavot, tout comme le pavot à opium (Papaver somniferum), et tout comme de nombreux autres pavots (P. alpinum, P. orientale, etc.). C’est certainement cette appartenance qui est à l’origine des confusions qui circulent à son sujet.
En effet, tous les pavots contiennent des alcaloïdes aux propriétés au moins somnifères, voire analgésiques ou même stupéfiantes, utilisées depuis fort longtemps par les humains. |
Fleur de coquelicot Papaver rhoeas |
Manger du coquelicot
Contrairement aux croyances populaires, toutes les parties aériennes du coquelicot sont comestibles : feuilles, pétales et fleur dans son ensemble, graines.
- Les jeunes feuilles, avant que la plante mette sa tige, se consomment crues (en salade) ou cuites. Pour les cueillir il est cependant nécessaire de savoir identifier les feuilles de la rosette basale, avant que la plante ait mis ses fleurs…
- Les fleurs sont délicieuses, et ont un surprenant goût de noisette, particulièrement l’ovaire (la capsule immature). Il est préférable de les consommer crues car cuites, elles ont tendance à communiquer une légère amertume à la préparation. |
Salade de coquelicot, tilleul et graines de tournesol germées Papaver rhoeas ; Tilia sp. ; Helianthus annuus |
- les pétales peuvent se consommer crus en salade par exemple. Ils sont également utilisés pour confectionner des sirops (pour le plaisir ou pour leurs propriétés antitussives), des bonbons, ou séchés pour préparer des tisanes pendant la saison hivernale.
- les graines peuvent s’utiliser comme les graines de pavot, très populaires en Europe de l’Est en pâtisserie. Elles peuvent être écrasées au pilon et au mortier et utilisées pour parfumer un lait chaud (animal ou végétal), qui se révélera un bon sédatif jute avant le coucher. Il est également possible d’en extraire une huile.
Le Cahier 3 de l’Aventure au Coin du Bois (actuellement en rupture) consacre un article au coquelicot et au pavot, avec une recette de bûche aux cynorhodons et aux graines de coquelicot : Apprivoiser la bûche sauvage (p. 23). |
Le coquelicot en entrée Papaver rhoeas |
Le coquelicot dans la pharmacie familiale
Autrefois très courant dans les campagnes, le coquelicot était logiquement une plante qu’il était facile d’utiliser en médecine populaire.
Les pétales, qui contiennent de la rhoeadine (Couplan, p. 117), sont calmants et légèrement narcotiques (Fournier, p. 734) : ils aident à l’endormissement et sont dotés de vertus antitussives, que l’on retrouve dans les sirops ou les tisanes de pétales de coquelicot.
Les graines sont également réputées pour leurs propriétés sédatives… que j’ai eues l’occasion de tester avec Jak (membre du collectif) lors d’un bivouac en foret de Fontainebleau ! Après avoir trouvé une véritable mine de capsules sèches de coquelicot, nous avons préparé sur notre réchaud une bouillie généreusement parfumée aux graines de coquelicot….un besoin immédiat d’aller dormir s’est rapidement fait sentir et le sommeil, à l’abri des hêtres, a été exceptionnellement profond !
Fournier (p. 735) recommande de préparer des tisanes avec 8 à 10 capsules / l d’eau, et d’administrer 3 à 4 cuillerées de cette décoction dans du lait aux enfants le soir, pour leur « procurer un sommeil paisible ».
Attention toutefois au surdosage, qui pourrait provoquer des hallucinations (Fournier, p. 734) voire des engourdissements, torpeurs, vomissements (Couplan, p. 117). |
Cueillette de fleurs de coquelicot (Papaver rhoeas) |
Et l’opium ?
C’est dans le latex des capsules de pavot à opium (Papaver somniferum) que se trouve l’opium, juste avant que la capsule n’atteigne sa maturité. Ce latex est alors chargé de nombreux alcaloïdes dont la morphine, la codéine, la narcotine ou la papavérine (Couplan, p. 116). Quant à l’héroïne, il s’agit du dérivé synthétique de la morphine.
Aucun risque donc de consommer de l’opium en mangeant des coquelicots !
Les renseignements concernant les utilisations comestibles du coquelicot sont issus des pratiques des membres du collectif. Les renseignements concernant les propriétés médicinales des différents pavots sont issus de 2 ouvrages : François COUPLAN (1990), Les Belles vénéneuses : Plantes sauvages toxiques, éd. Equilibres Aujourd’hui, Condé-sur-Noireau. Paul-Victor FOURNIER ( 2010, 1ere édition : 1947), Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, éd. Omnibus, France. |
Fleur de coquelicot, Papaver rhoeas |
Texte : Caroline "Calendula" - Photos Stéphane Gérente & Caroline "Calendula"
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